Quand les toiles dépassent leurs limites,
invitant la surface murale à entrer dans la composition. A en sortir aussi. Rien n'est clos.
Ou comment cadrer sans cerner.

Toiles bordées de loin, soulignées d'une baguette comme d'un trait, qui laisse ouvert le
propos.
Plutôt qu'une limite, une dé-limite.
Un re-bord qui cale votre regard pour qu'il circule,
dedans, autour et entre,
comme dans des constructions à ciel ouvert. Blanc le ciel.

Le mur-support est pris à parti.
Tout l'espace devient pictural, sans ostentation, discrètement pictural.
Annick Doideau est revenue et avec elle, la palette de la troisième dimension.

Lignes, points de vue, points de fuite, perspectives suggérées et ombres portées
viennent jouer dans des carrés interieurs, plus proprement picturaux où le travail
procède toujours par découpes, collages peints, noirs frottés et rubans adhésifs,
couleurs de papier vierge contre écru de la toile et... blanc du mur.
Des pans entiers sont englobés dans les cadres ouverts, y circulent et jouent en arrière
plan comme signes supplémentaires de son langage plastique.


Cette année, Annick Doideau réouvre plus encore le regard sur les entours d'un tableau,
continuant d'interroger le rapport que l'oeuvre entretient avec l'espace et la lumière qui
la reçoit.
Hors bord, donc, résolument.
Et même un peu plus loin...
Où comment intégrer l'espace en peinture (et non plus l'inverse), telle une intervention
picturale grandeur nature.
Annick Doideau, toujours un peu architecte sur les bords... !


Sylvie Prieur
Juin 2006